- AKBAR
- AKBAREn 1556, à la mort de son père, Hum y n, Akbar prend le pouvoir. Il n’a que treize ans et, sous la tutelle de son précepteur, Bairam kh n, il se lance à la reconquête de l’Empire indien. La victoire de P n 稜pat, en cette même année 1556, le libère de la menace de l’usurpateur Hémou. La mort de Bairam kh n, en 1561, lui permet d’exercer seul le pouvoir. À partir de 1561, il se livre à une politique de conquête et d’annexion qui aboutit, dès 1576, à étendre son autorité d’une mer à l’autre sur toute l’Inde du Nord. À la fin de sa vie, il avait rétabli le plus grand empire que l’Inde eût connu depuis Açoka. Mais, pour le protéger, il se trouva contraint à des guerres incessantes.Il réalisa l’organisation intérieure de l’empire, effectua des réformes sociales pour la protection des paysans, favorisa les arts et les lettres, édifia des monuments, bâtit des villes, s’intéressa aux religions et à la philosophie. Son idéal était de faire oublier ses origines musulmanes et de représenter aux yeux de ses sujets un empereur véritablement indien.La reconquête de l’Empire indienPetit-fils de B bur, descendant à la fois de Tim r (Tamerlan) et de Chingiz kh n (Gengis kh n) qui, à la tête de ses cavaliers, avait quitté les steppes du Turkestan pour s’emparer de K bul, puis de Lahore et de Delhi dans le dessein de fonder en Inde un empire mongol, Akbar naquit en exil. Son père, Hum y n, trahi par les intrigues de ses frères, s’était vu déposséder du pouvoir par un chef afghan, Sher sh h. Mais il avait su discerner le moment où les désaccords de ses successeurs permettraient son retour. En 1555, profitant de la mort accidentelle de Sher sh h, il se présenta devant Delhi, accompagné de son fils Akbar, mais il devait mourir l’année suivante, de façon accidentelle lui aussi, laissant à Akbar le soin d’entreprendre la reconquête de l’Empire mongol.Lors de son avènement en 1556, la situation d’Akbar semble désespérée. Menacé à la fois par les partisans du dernier usurpateur, Sikandar Sour, et par le prince hindou Hémou qui lui reprend Delhi, il repousse le conseil de s’enfuir à K bul. Soutenu par un énergique régent, Bairam kh n, il fait face à l’ennemi et livre à P n 稜pat un combat victorieux au cours duquel Hémou, qui a reçu une flèche dans l’œil, est fait prisonnier et exécuté (1556).Akbar se retrouve ainsi maître de Delhi, la capitale du gouvernement, et d’Agra, la capitale artistique. L’année suivante, Sikandar Sour capitule à son tour.Mais Akbar est impatient de pouvoir absolu. Par ailleurs, mécontent de Bairam kh n qui gouvernait de façon de plus en plus autoritaire et brutale, il réussit à l’éloigner, et le fait peut-être même assassiner en 1561. Il décide alors d’exercer seul le pouvoir. Il a dix-neuf ans! Libre, il se lance dans l’aventure guerrière, qui devient une longue suite de campagnes victorieuses. Il cherche d’abord à retrouver les frontières de l’empereur B bur, son aïeul. Les annexions se succèdent. Il refuse de considérer les difficultés en apparence insurmontables qui interrompent son avance autrement que comme des haltes, et ne tient aucun compte des opinions pessimistes de ses généraux, il sait leur imposer sa propre décision. Se heurtant, comme ses prédécesseurs, à l’opiniâtreté des guerriers rajpoutes retranchés dans leurs imprenables citadelles médiévales, il leur oppose une volonté plus forte que leur possibilité de résistance. Après deux ans de siège, le suicide collectif des défenseurs de la forteresse de Chitor en 1568, suivi du massacre des paysans qui les avaient aidés, prépare la reddition des autres citadelles. Cependant, la lutte se rallume à partir de 1572 sous la conduite de R na Prat p, et se poursuit, sournoise et harcelante, en dépit des assurances qu’Akbar avait données aux Rajpoutes en confiant à quelques-uns de leurs seigneurs de hautes fonctions dans son gouvernement, et en épousant une de leurs princesses.En 1572, il annexe le Gujr t et réussit à le pacifier. Il possède là un accès vers la mer. En 1576, vainqueur du roi de Bengale qui était jusqu’alors son vassal, il le fait exécuter et annexe ses États. En 1592, il y joint l’Orissa. À sa mort, en 1605, il était sur le point d’annexer les sultanats du Dekkan, vainqueurs du royaume de Vijayanagar.Son idéal nationalPour assurer la victoire, Akbar ne recula ni devant les massacres, ni devant les exécutions qu’il croyait nécessaires. Mais, la paix rétablie, il considérait sans haine les populations susceptibles d’accepter son autorité. Il laissa aux princes hindous le soin d’administrer leurs possessions, s’ils consentaient à demeurer des vassaux loyaux. Peu cultivé, ne sachant probablement pas lire, c’est son génie propre qui le guida et lui permit de résoudre les problèmes redoutables que fit naître son ambition. Il comprit vite qu’il fallait choisir entre l’Afghanistan et l’Inde. Il n’hésita pas à opter pour l’Inde, et refusa de se considérer comme un souverain étranger. Pour lui, ses conquêtes ne représentaient pas seulement une série de victoires, mais un moyen d’obtenir une unité véritable, l’unité d’une nation.Désireux d’établir l’égalité entre tous ses sujets, musulmans ou non, il supprima la taxe, si impopulaire, réclamée aux non-convertis à l’islam : le jiziya . Préoccupé du bonheur de son peuple, il s’ingénia à perfectionner le système administratif, à le rendre intègre. Il rechercha la prospérité économique. Les villes s’enrichirent. Il favorisa le développement de l’artisanat et accorda aux Portugais des monopoles ainsi que l’autorisation de créer les premières factoreries. Il les éleva ainsi au rang d’agents exclusifs du commerce avec l’Europe, car si son armée était puissante, il n’avait pas de marine. C’est par les Portugais que la réputation d’Akbar parvint en Occident, où il apparut comme l’un des plus puissants souverains de son temps.Ses idées religieusesSon esprit de tolérance joint à son inlassable curiosité des problèmes humains l’amena à s’intéresser aux différentes religions, à discuter avec leurs représentants et à recevoir à sa cour des jésuites portugais. Il voyait dans l’absence de sectarisme, dans la pureté de foi monothéiste des Sikhs le germe d’un lien possible entre l’hindouisme et l’islam. Il leur donna Amritsar pour capitale religieuse. À l’imitation de Mahomet, il dégagea, en interrogeant tous ceux qui pratiquaient une religion, les principes d’une foi nouvelle : la foi divine. Ne conservant que les éléments communs à toutes les croyances, elle excluait tout principe de division, mais elle se heurtait en même temps à toutes les orthodoxies; elle ne survécut pas à Akbar.Son influence sur les arts et les lettresComprenant l’intérêt des rapprochements culturels, il confia à des poètes le soin de traduire en persan les chefs-d’œuvre de la littérature indienne. Il constitua une bibliothèque où furent classés un très grand nombre de manuscrits. Il favorisa le développement de l’urdu, mélange de l’hindi et du persan, qui devint la langue de ses résidences, où voisinaient hindous et musulmans. Sous son règne, un br hmane devenu ascète, Tuls 稜d s (mort en 1623), apparaît comme le créateur de l’hindi moderne. Il «chanta la foi vishnouiste, la tolérance et l’union, dans une œuvre admirable, pleine de sérénité», que domine son adaptation du R may na.Avant d’atteindre au dépouillement religieux, Akbar avait été un bâtisseur de mosquées. C’est à Fatehp r S 稜kr 稜 (Ville de la Victoire) 漣 dans cette capitale éphémère et merveilleuse, qu’il fit élever, pour commémorer l’annexion du Gujr t 漣 que se touve la plus célèbre de ces mosquées. À Delhi, il édifia une sépulture royale pour son père Hum y n, et une autre à Sahsaram pour l’empereur Sher sh h.C’est lui qui entreprit la construction du Fort rouge d’Allah b d. L’orientation des arts vers un style plus national lui parut un moyen de cimenter l’unité. Aussi fonda-t-il des écoles de peinture où la tradition indo-musulmane, nuancée d’influences persanes, aboutira à la création d’admirables miniatures indiennes. Il mourut en 1605 à Agra, dans un des palais qu’il avait fait construire.Après la mort d’Akbar, ses successeurs poursuivront sa politique de magnificence, mais elle ne sera que le paravent d’une faiblesse qui conduira l’Empire mongol vers sa désagrégation.Akbar(Mohammed) (1542 - 1605) empereur moghol de l'Inde, descendant de Tamerlan.
Encyclopédie Universelle. 2012.